Conclusion

En termes de résistance aux antibiotiques, la situation française reste contrastée. Les mesures mises en place, notamment le renforcement de la désinfection des mains à l'hôpital, ont contribué à réduire la diffusion manuportée de la résistance chez le staphylocoque doré avec une nette diminution des souches résistantes à la méticilline qui semble toutefois se stabiliser récemment. Chez le pneumocoque, la résistance aux antibiotiques (notamment à la pénicilline) en ville a suivi une évolution favorable ; elle aussi cependant tend ces dernières années à se stabiliser à un niveau qui reste élevé comparé à d'autres pays européens.

Chez les entérobactéries, famille importante qui rassemble plusieurs genres de bactéries (Escherichia, Klebsiella, Enterobacter...) résidant principalement au niveau du tube digestif et parfois responsables d'infections sévères, la situation reste particulièrement inquiétante. E. coli est majoritaire dans la flore bactérienne aérobie de l'intestin et est responsable de la plus fréquente des infections bactériennes en milieu hospitalier comme en ville : l'infection urinaire. Les données françaises montrent la très nette augmentation de la résistance aux antibiotiques chez les entérobactéries avec une large diffusion des entérobactéries productrices de BLSE, qui confèrent une résistance aux céphalosporines de 3e génération. Cette situation constitue un terrain favorable à l'émergence de nouvelles souches résistantes à des traitements de dernier recours, les carbapénèmes. Les EPC peuvent ainsi être à l'origine d'infections difficiles voire impossibles à traiter. Ces EPC restent émergentes en France et leur diffusion est encore à ce jour limitée. La situation internationale invite cependant à la plus grande vigilance et nécessite la mise en place de mesures de contrôle et de mesures d'hygiène renforcées autour de chaque cas d'EPC.

L'augmentation de ces résistances est à mettre en parallèle avec l'augmentation globale des consommations d'antibiotiques depuis plus de 10 ans malgré des consommations en ville à la baisse en 2014, probablement en lien avec une plus faible incidence des pathologies hivernales. L'augmentation de ces consommations est notamment préoccupante pour des antibiotiques fréquemment prescrits en ville comme à l'hôpital, tels que l'amoxicilline-acide clavulanique, les céphalosporines de 3e génération (dont la ceftriaxone), ou encore les carbapénèmes en secteur hospitalier.

Dans les ES, la connaissance des profils d'utilisation des antibiotiques par classe d'antibiotiques et par secteur clinique permet, en les confrontant aux données de secteurs comparables, de cibler les actions prioritaires de bon usage (pertinence de prescription, mesures plus générales : réévaluation à 48-72h avec ajustement des traitements, réduction des durées, arrêt des antibiothérapies non nécessaires...).

Malgré la pression de sélection qu'ils induisent, les antibiotiques restent des médicaments précieux. Ils doivent être prescrits en tenant compte des recommandations au regard de l'émergence de plus en plus fréquente de résistances bactériennes. La surveillance des résistances bactériennes et des consommations d'antibiotiques permet d'éclairer les professionnels et autorités de santé sur les actions à mener au regard des évolutions observées.